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Turning Gate

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les avis de Cinemasie

5 critiques: 4/5

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27 critiques: 3.59/5



Yann K 4.25 Aussi drôle que maitrisé, avec un art du montage unique au monde
Xavier Chanoine 4 Un film proche de tous
Ordell Robbie 4.25 Drôle de Porte
MLF 4 De Bacon a Hong Sang soo: la ressemblance d'un concept plastique.
Alain 3.5 Drôle, intelligent, absurde: le meilleur Hong Sang-Soo
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


Un film proche de tous

vlcsnap-7556.jpg Et si la thématique de Turning Gate se résumait à son plan final déchirant ? Un plan qui évoque la fin d’une routine imprévue –alors qu’il devait aller voir ses parents, Gyung-Soo passe du temps avec une inconnue pour qui il tombe amoureux- et le dur recommencement des choses, c'est-à-dire une vie d’amant éternel rythmée par l’imprévu en guise d’échappatoire à une carrière artistique médiocre. Et si donc Turning Gate était aussi triste que sa conclusion sous des trombes de flotte, triste car habité par cette espèce de solitude quasi maladive, où l’homme avec un grand H n’arrive pas à trouver son bonheur à cause d’un environnement difficile : la relation naissante entre Gyung-Soo et la danseuse, gâchée par la volonté de cette dernière d’être à tout prix aimée et des sentiments de son ami écrivain, ou la seconde chance qu’a Gyung-Soo de trouver la femme bien en la personne de Sun-Young, hélas déjà mariée et vivant dans une famille extrêmement possessive. Leur bonheur, d’un temps, prendra fin suite aux histoires d’une voyante voyant en Sun-Young les traits d’un avenir solide en compagnie de son mari. Hong Sang-Soo aura cependant fait de sa chronique sentimentale un film suggérant un formidable panel d’émotions, entre les séquences imprévues (Gyung-Soo pris à parti par un client de restaurant, les scènes d’amour frontales, les doigts d’un gosse coincés dans une porte de voiture…) et d’autres bien plus fortes. Le cinéaste aura également démontré l’étendue de son talent au service d’une mise en scène simple et sans superflus, avant d’épouser un style unique dès son film suivant. En captant avec simplicité et neutralité les instants de vie de gens moyens, Hong Sang-Soo est un des cinéastes dont la fiction semble toujours bien coller à la réalité, entre deux bouteilles de soju facilement vidées et des espoirs envolés.



18 octobre 2009
par Xavier Chanoine




Drôle de Porte

Malgré ses belles qualités, la limite de la Vierge mise à nu par ses prétendants était un dispositif narratif plus stimulant intellectuellement que servant vraiment l'émotion. Limite qui passait parce que le film s'affranchissait des questions de vraisemblance, de réalisme. En regardant On the Occasion of Remebering the Turning Gate d'un oeil distrait, on pourrait croire que Hong Sang Soo a su s'affranchir de cette limite-là. Un dispositif beaucoup moins voyant et alambiqué (une suite de saynètes numérotées où les titres ne sont plus allégoriques comme dans la Vierge mise à nu par ses prétendants), une plus grande linéarité du récit, un ton beaucoup plus léger pourraient le laisser penser.

Or ce n'est pas du tout le cas. Car malgré son aspect plus linéaire le film a bien une structure bipartite. Après une introduction présentant les motifs du départ du héros pour Chunchon (échec d'un film au box-office), la fameuse porte tournante devient l'enjeu principal du film d'une façon peu voyante dans la première partie. Le fameux conte (1) est certes cité mais cette partie l'illustre en négatif: le héros séduit facilement une femme divorcée (c'est même elle qui prend les devants) et va se détacher d'elle au fur et à mesure qu'elle s'éprend de lui. Ce récit est donc plutôt l'antithèse du conte: on ne désire pas vraiment ce qui est trop accessible. L'illustration sera alors faite par la seconde partie du film: la jeune femme mariée dont le héros s'éprend dans le train censé l'amener chez ses parents et qui va le faire s'arrêter avec elle multiplie au cours du film les situations de type "porte tournante" où le héros l'attend en doutant à chaque fois qu'elle revienne avant de réaliser finalement la conclusion du conte. Dès lors, les écriteaux résumant la situation qui aura lieu ne sont pas un artifice mais sont toujours là pour porter un dispositif à la théâtralisation bien présente.

Par rapport à The Power of Kangwon Province, la sexualité est filmée de façon toujours aussi contemplative mais beaucoup plus frontale et jouissive. Hong Sang Soo ne s'est pas renié en tant que metteur en scène: ses longs plans-séquences dilatés jusqu'à plus soif sont là pour nous le rappeler. Durant la première partie, ils portent une solitude certes moins pesante en apparence que celle des personnages de The Power of Kangwon Province -elle envahit progressivement le héros qui se rend compte que sa "conquête" de Chunchon comblera pas le vide qui a motivé ses vacances loin de Séoul même s'il a encore assez de force vitale pour savourer un peu de cette relation-. Durant la seconde, ils soutiennent le vertige de l'attente amoureuse comme dans la Vierge mise à nu par ses prétendants. A l'issue de ce parcours initiatique, le héros est certes toujours seul mais Hong Sang Soo choisit de ne pas appuyer sur sa tristesse contrairement au final de The Power of Kangwon Province. Sauf que la limite du "système" Hong Sang Soo est toujours là: ses dispositifs narratifs produisent du sens mais pas du ressenti, sont plus stimulants théoriquement qu'émotionnellement. Les petits accidents, les imprévus qui donnent chair à l'oeuvre sont heureusement apportés par les acteurs et évitent du coup au film d'être seulement théorique.

Bonne nouvelle: comme Tsai Ming Liang ou Hou Hsiao Hsien avant lui, Hong Sang Soo vient de réussir son film le plus accessible. Son film se pose là comme petite brise d'air frais au cours d'une année coréenne où bien des films attendus ont été relativement décevants. On espère que la fin de l'année permettra à son tour à un Lee Chang Dong de confirmer son talent sur terrain très glissant et ainsi de prouver la vitalité des jeunes auteurs coréens.

(1) Un jeune homme convoitait la fille d'un souverain chinois; le roi l'exécute en réprésailles, il se réincarne en serpent et s'enroule autour de son cou. Pour libérer le serpent de son cou, elle va à Chunchon devant la porte du temple Chongpyong-sa, dit au serpent de l'attendre parce qu'elle va prier dans le temple et elle ne revient jamais. Quand il s'en rend compte, le serpent rentre dans le temple mais à ce moment-là il est frappé par la foudre et depuis la porte du temple a pris le nom que l'on sait.



02 novembre 2002
par Ordell Robbie




De Bacon a Hong Sang soo: la ressemblance d'un concept plastique.

Hong Sang soo est un jeune realisateur, jeune dans la mesure ou il n’a pour l’instant realise que quatre films(1) et ou sa filmographie va s’allonger (c’est une certitude).

Pour le moment, son cinema travaille la repetition. Plus exactement la variation dans la repetition. C’est un peu l’idee de force developpee par Gilles deleuze(2). Prenons par exemple, La Vierge mise a nu par ses pretendants. C’est l’histoire d’une femme qui rencontre un homme. Le film se presente comme un dyptique dans la mesure ou il se compose de deux parties clairement distinctes, morcelees, encadrees par des cartons porteurs d’un titre. Chacune des deux parties raconte la meme histoire, la rencontre des deux personnages : Soo jung et Jae-Joon.

Hors mis la chronologie des plans, imposee par le mecanisme meme de la technique du cinema et une necessite pour rendre comprehensible les evenements(3) , il est impossible de savoir quelle partie repete l’autre. Rien n’indique, ne justifie que la seconde partie repete la premiere et non l’inverse.

D’autant, si on cherche a modeler un peu cet ensemble, la premiere scene du film intervient juste avant le dernier plan (si on construit avec la totalite des plans du film une structure correspondant a la chronologie des evenements). Ce qui change entre les deux parties, c’est le point de vue. Point de vue de qui ? nous l’ignorons et ca n’a pas beaucoup d’importance. Ce qui importe, c’est que le point de vue est de l’ordre de l’invisible, nous ne pouvons l’identifier, lui donner corps, mais est rendu sensible, visible pour lui meme(4) : il est devenu Figure(5) .

Dans son dernier film Turning Gate, Hong Sang soo n’a pas abandonne cette « variation du meme », mais en a nuance l’instrumentalisation visible. Dans La Vierge mise a nu par ses pretendants, la repetition stricte de toute l’histoire utilisait beaucoup le visible. C’est la repetition quasi exacte des scenes, des compositions de cadres, donc d’un aspect figuratif qui permettait de tendre vers le « point-de-vue-Figure »(6) .

En rendant moins visible la repetition, donc la forme figurative a partir de laquelle il travaille la Figure, Hong Sang soo la rend plus abstraite. Mais la repetition demeure. Elle demeure figurative dans les plans de marches solitaires et nocturnes. L’idee se repete, l’histoire aussi. Le heros marche seul, et une femme marche en sens contraire de lui, a sa rencontre. Un violent cut empeche la rencontre. Dans le premier plan du film, la femme est quasi invisible, elle est en arriere plan, toute petite et masquee par l’imposante stature du heros au premier plan, et l’obscurite de la rue et de ses vetenments. Lorsque l’idee se repete, l’objectif de la camera donne deja moins de profondeur de champs, ce qui offre a la femme plus d’espace dans le cadre. Vetue de rouge et dans une rue tres eclairee, leurs deux corps ont une presence plus egale lorsque le cut intervient. Ces deux plans contiennent a eux seuls toute l’idee et l’histoire du film : une rencontre qui ne peut avoir lieu, la repetition du meme dans le changement, on se rapproche sans y parvenir. C’est l’histoire d’amour de quand il etait enfant qu’il raconte avant qu’elle ne le fasse ; c’est le mythe de la porte tournante que son ami lui raconte avant qu’il ne le vive, c’est laudace d’aller frapper a la porte de la maison familiale a laquelle le spectateur assiste et qu’il a deja eu enfant comme elle le rappelle verbalement……. La structure du dyptique est toujours la, mais morcellee et melangee comme les pieces d’un puzzle et construit sur une forme vue a laquelle repond une forme verbale.

1 Le Jour ou le cochon est tombe dans le puit (1996), Le Pouvoir de la province de Kangwon (1998), La vierge mise a nu par ses pretendants (1999), Turning Gate (2002). 2 Gilles Deleuze, Francis Bacon. "Logique de la sensation", ed. Seuil, 2002. Le chapitre 8 est celui qui semble le plus interessant pour nous ici. 3 Si tout etait projete en meme temps, l’ecran ne serait plus porteur que d’un jeu de lumiere diforme qui serait incomprehensible. La structure sert a separer les elements pour les rendre identifiables, mais ils peuvent s’interchanger les uns les autres, a la maniere des « livres dont vous etes le heros », sauf que l’ordre des sequences ne module pas l’histoire. 4 « non pas rendre le visible, mais rendre visible » : Gilles Deleuze, Francis Bacon. Logique de la sensation, Chapitre 8, pg. 57. 5 Gilles Deleuze utilise le mot Figure pour l’opposer au mot figure. Il lui donne un sens similaire au mot figural utilise par J-F Lyotard dans "Discours, Figures". 6 Le Pouvoir de la province de Kangwon fonctionne exactement sur les memes modalites.

27 février 2003
par MLF


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